Après quelques au-revoir adressés à ses compagnons de l'OFQJ, deux heures de trains, une demie-heure de tramway et une heure de paperasse, Nicolas aménagea au troisième étage du bloc F des résidence Jussieu.
Si seulement il avait hébergé un minimum de résidents, le bloc F aurait pu avoir la réputation d'être ennuyant, mais il était tellement vide qu'il n'avait même pas de réputation. L'étage la plus peuplée du bloc avait une chambre sur quatre de louée. Les résidents du bloc étaient des immigrants pauvres qui, contents d'avoir accès à des études supérieures, n'osaient pas risquer une conversation avec un étranger, de peur de tout perdre. C'était aussi le bloc où l'université plaçait les québécois en échange.
En aménageant, Martin et Nicolas se doutaient bien qu'il y avait quelque chose de pas très net avec ce bloc. Toutes les portes étaient fermées, il n'y avait personne dans les couloirs, et quand on ne faisait pas de bruit soi-même on entendait un long silence imperturbable.
Martin et Nicolas, qui n'avaient connu que des résidences à l'américaine, c'est-à-dire bruyantes, sales et fourmillantes, n'y comprenaient rien. Mais ils étaient arrivées à l'heure des classes, alors ils pensèrent que le calme était temporaire. Mais quand, à vingt heures, ils se firent à manger seuls dans la cuisine dite collective, ils comprirent, et Nicolas sut, qu'ils venaient d'aménager au beau milieu d'un désert.
mercredi 24 janvier 2007
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