Quarante-six ans et un regard de vieux loup, Jacques amait décidemment la vie. Il savait apprécier l'argent, les femmes, l'alcool et le jeu, entre autres. C'était le genre de type qui voulait tout essayer et qui le faisait.
Jacques avait fait du marketing en Allemagne, en exportant des vins de producteurs qu'il connaissait. Barman à New York, il avait fait fureur avec son accent français. Il s'était ouvert deux restos en Angleterre, et l'un d'entre eux roulait toujours. Croupier au casino de Marseille, il avait appris à manipuler les cartes et l'argent avec le sourire, la confiance et l'attitude. A Paris, il avait joué à la bourse. Il avait gagné et perdu des sommes incroyables. Il adorait la musique et s'était payé un petite tournée de Jazz comme bassiste. Ses souvenirs les plus mémorables de cette épopée prenaient place dans les indescriptibles cafés d'Amsterdam.
Il avait roulé sur l'or toute sa vie, et il proclammait que la chance était à la portée de quiconque en voulait. Il avait aimé les femmes, beaucoup, souvent et différentes. Il connaissait le vin, le whisky, la politique et le risque. Jacques n'était pas facilement impressionnable.
A Montpellier, il s'était lié à une femme nommée Hélène, petite brunette légère, comme le sont généralement les filles du sud. Il a cru qu'elle était la femme de sa vie. Jacques et Hélène s'étaient mariés, et ils avaient eu une fille, Céline. Pour Jacques, Céline était sa fierté. Elle avait sa fougue, en plus de la beauté de sa mère.
Le mariage de Jacques avait duré quatre ans. Jacques aimait trop la vie pour n'aimer qu'une seule femme. Jacques n'avait jamais trompé Hélène; il tenait avant tout à rester un gentleman.
Divorcé, il était divisé entre les deux choses auxquelles il tenait le plus au monde, soient sa vie trépidante et sa fille. Il avait été décidé que Céline serait élevé à Montpellier. Jacques se sentait donc contraint à poser pied à Montpellier, et il s'investit à fond dans l'industrie touristique locale. Comme d'habitude, l'argent revint vite à Jacques. Il en profita donc pour voyager, et vivre, comme il l'avait toujours fait.
Dans le train, Céline parlait à Nicolas de son père. Elle ne l'appréciait pas vraiment. Pour elle, son père avait abandonné sa mère. Il était à ses yeux un égoïste qui ne s'était jamais intéressé à elle, un courreur de jupons qui ne serait jamais un père. Jacques n'avait jamais vraiment été présent pour Céline.
A Montpellier, Nicolas serra la main de Jacques.
- Bonjour, Nicolas.
Nicolas était impressionné. Jacques avait une telle façon de serrer la main, de regarder et de s'exprimer. En une poignée de main, en un échange, Nicolas sentait toute la volonté de puissance de Jacques.
Entre la force qu'émanait Jacques et le témoignage de Céline, Nicolas ne savait que penser de l'être devant lui. Il n'arrivait pas à déterminer s'il rencontrait un homme, un vrai, ou un être pitoyable.
samedi 17 février 2007
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