Née de parents vietnamiens immigrés en France, Quy était plus française que vietnamienne. Elle était passionnée de lettres et elle avait une plume hors du commun. Dû à ses origines, sa personnalité et sa sélectivité, elle n'avait pas beaucoup d'amis. Et de vrais amis, elle n'en comptait aucun.
Quy était déchiré entre deux facettes d'elle-même. L'une, l'artiste créative, joyeuse de réinventer le monde par son imaginaire, se manifestait par une excitation sincère face à la vie. L'autre, la petite fille seule et triste, désabusée face à l'ennui du quotidien, s'exprimait par une écriture mélancolique.
En ces points, Quy était identique à Nicolas. Car Nicolas aussi était généralement positif et maniait en secret une plume sombre.
C'est par l'écriture que Quy et Nicolas ont pris conscience de leurs existances mutuelles. Un peu par hasard, Quy avait découvert le carnet de toile Nicolas. Elle lui avait écrit, et, charmé par la plume de Quy, Nicolas lui répondit. C'est ainsi qu'ils commencèrent une longue correspondance.
Après des mois de lettres littéraires, de lettres philosophiques, de lettres d'idées et d'anecdotes, Nicolas et Quy étaient censés se rencontrer dans une station de métro de Paris.
L'après-midi fut merveilleux. Ils se rendirent à une exposition de photographie. Ils discutèrent et commentèrent, tels de vieux amis. Quy fût amusée de voir Nicolas sortir un sac de carottes quand il eût un faim, et Nicolas apprit de Quy de nombreuses expressions françaises.
Nicolas et Quy surent que l'amitié qu'ils partageaient en lettres s'était étendu à la vie concrète. Au coucher du soleil, souriants, il se dirent tous deux à la prochaine.
samedi 3 février 2007
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4 commentaires:
que je ne t'entende plus jamais dire que je ne te dis pas tout!
mais je suis bien heureuse pour toi. j'aime beaucoup le texte.
Tu ne me dis pas tout.
Moi je préférais Caroline à Quy (au niveau des textes, bien sûr). Je vais me relire, pour voir.
Et c'est qui d'abord Caroline, hein ? HEIN ?
A moi on ne dit rien non plus !
C'est étrange de lire sur soi. Mais tu te trompes, il me reste quelques amis qui préservent ma "stimmung".
Nous avons partagé un bon moment ensemble, une expo sur Robert Doisneau, mais je t'ai laissé manger tout seul manger tes carottes... - et la prochaine fois, ça recommencera pareil... toi et tes carottes.
C'est étrange de confronter l'écriture aux instants. Privilèges-tu l'exactitude ou la romance ? (Caroline parait bien romanesque, mais vraie ?)
L'exactitude, c'est mon quotidien, alors quand j'écris, je préfère la romance.
Dans la vie, connaître l'exactitude me semble lourd. Alors, j'aime mélanger mon imaginaire à l'essence des choses.
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